PHILIPP PLEIN
L’irrésistible ascension de Munich à Saint Tropez

Il y a peu, son nom était inconnu. Aujourd’hui, le créateur allemand Philipp Plein a imposé sa mode, folle, extravagante, insouciante des avis autorisés.

Adulé ou detesté, Philipp Plein ne laisse personne indifférent. Hyper prolifique, hyperactif, hyper brillant : le culte de l’hyper, c’est lui. En dix ans, il a bâti un empire à grands renforts de joggings de soirée, de tee-shirts tête de mort et de sneakers à clous. Le gratin du rap s’arrache ses fringues, Kim Kardashian porte ses leggings panthère ou ses combinaisons métalliques. Bigger than life, provoc’, parfois : Philipp assume.

Qu’est-ce qui fait l’ADN de votre marque ?
Je ne fais pas dans le classique ni dans le conservateur. C’est du vêtement de luxe, forcément cher, mais dans un esprit « street couture ».

Êtes-vous une exception dans la mode ?
Complètement. Je suis un phénomène. Philipp Plein, la marque, va au-delà de la tendance : c’est un style de vie à part entière. Les gens trouvent parfois que j’en fais trop. Et alors ? Dans une foule, c’est celui qui hurle qu’on remarque. En mode, c’est pareil.

Philipp Plein, politiquement incorrect ?
Non. Je n’ai jamais tué ni volé. Je rends les gens heureux. Quand ils dépensent leur argent dans mes boutiques ils ont le sentiment de se faire du bien, c’est ce qui compte ! Je suis le Nemo de la mode : un petit poisson coloré, malin et rapide.

Qu’est-ce qui fait votre succès ?
Une broderie, un imprimé font parfois toute la différence sur un vêtement. Chez moi c’est une sacrée valeur ajoutée. Gucci met des tigres, des pierres, des têtes de mort sur ses pièces, la marque est de nouveau fun ! Les gens me traitent de « King du Bling », mais j’assume ! C’est ce qui marche.

Une trend, un type de vêtement que vous détestez ?
Je ne déteste rien – j’aime tout !

Votre tenue préférée ?
Les joggings, parce qu’on s’y sent toujours bien et qu’on n’est jamais tiré à quatre épingles.

Votre définition de la féminité ?
Des cheveux longs… [Il réfléchit] En fait, j’aime tout chez les femmes, c’est mon plus gros problème ! Mais ce que j’adore par-dessus tout, c’est le fait qu’elles aient besoin d’un homme. Leur vulnérabilité, je trouve ça sexy.

À quand remonte votre premier megashow ?
J’ai présenté mon premier megashow en 2010, pour une raison très simple : ma marque ne figurait pas sur le calendrier officiel des défilés. J’ai donc pensé qu’en faire un très gros, suivi d’une soirée, serait le meilleur moyendenousfaireremarquer,etçan’apasloupé! Depuis,lamarqueabiengrandimaisl’idéeestrestéela même : Philipp Plein est l’outsider, le « new kid on the block ».

Comment pensez-vous ces superproductions ?
Comme des expériences uniques. De celles que j’aimerais vivre moi-même, et que j’offre à mes invités. Avec les années, je suis passé expert dans l’interprétation des tendances internationales en matière de culture et de lifestyle. Cela m’aide à imaginer des spectacles audacieux. J’éprouve à chaque fois autant de plaisir à créer quelque chose d’unique, mes dé lés sont une explosion, ça nous transcende et on aime ça.

Qu’est-ce qui vous motive à chaque fois pour tout recommencer ?
Je déteste l’idée de devoir m’arrêter là. Le changement et la nouveauté me font grandir. J’ai de l’énergie à revendre, et je ne suis jamais à court d’idées. L’art, le design, la musique et la rue sont pour moi des sources d’inspiration permanentes. Je suis un créatif, perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences. Et en plus, je souffre d’un gros défaut, je m’ennuie très vite !

Si vous n’étiez pas Philipp Plein, qui seriez-vous ?
Je ne me suis jamais posé la question. Je me suis fait tatouer mon nom sur le bras, les gens pensent que j’ai un ego surdimensionné. Sauf qu’il faut avoir un culot monstre pour faire ce que je fais. C’est comme ça que j’ai gagné mon premier million.

Alors qu’il a présenté sa collection pour la première fois à New York, le créateur Philipp Plein s’est imposé en six ans comme le patron de la superproduction, mettant un point d’honneur à faire de ses défilés un grand barnumsansprécédent. Àlamesuredesadémesure.

UN « MEGASHOW » PHILIPP PLEIN, C’EST:
300 personnes à l’œuvre, 45 minutes de retard sur l’horaire, 45 mannequins en cabine, 3 millions de dollars de budget, 300 heures pour construire le décor, 5 600 m2 de mise en place, 30 réunions de préparation, 592m de podium, 11 000 verres servis à l’after party, 20.000 m2 d’espace par défilé.

www.philipp-plein.com