PETER LINDBERGH
L’homme qui savait photographier les femmes

« On brandit jeunesse et perfection alors qu’à mon sens, la beauté est indissociablement liée à la notion de vérité. c’est pour ça que Photoshop ne produit que du vide. »

Considéré comme un pionnier de la photographie, il a introduit une forme de nouveau réalisme en redéfinissant les normes de la beauté avec des images intemporelles. Son approche humaniste et son idéalisation de la femme le distingue des autres photographes car il privilégie l’âme et la personnalité.

Il a radicalement changé les normes de la photographie de mode aveles retouches excessives, considérant qu’il y a autre chose qui rend une personne intéressante, au-delà de son âge.
Il explique: Cela devrait être la responsabilité des photographes aujourd’hui de libérer les femmes de la terreur de la jeunesse et de la perfection. Sa vision singulière les présente à l’état pur, en évitant tous les stéréotypes car il privilégie un visage presque sans maquillage, dans un nu qui met en valeur l’authenticité et la beauté naturelle. Il a proposé une nouvelle interprétation de la femme considérant que: Si vous supprimez la mode et les artifices, vous pourrez alors voir la vraie personne.

J’ÉTAIS PLUS CONCERNÉ PAR UNE FEMME PLUS FRANCHE PLUS AVENTUREUSE, CONTRÔLANT SA VIE ET MOINS PRÉOCCUPÉE PAR SON STATUT SOCIAL OU SON ÉMANCIPATION PAR LA PROTECTION MASCULINE.

L’imagination de Peter Lindbergh n’a pas été définie par les normes conventionnelles; il n’a pas grandi dans le dynamisme culturel d’une grande ville ou entouré d’une nature luxuriante, mais dans l’une des régions les plus industrialisées d’Allemagne.
À Duisburg, le paysage était dominé par les aciéries, les mines de charbon et les grandes usines. Là, le photographe a appris à trouver l’harmonie et la beauté même dans une désolation apparente. Et puis la fumée grise des cheminées s’est transformée en tons argentés de ses photos en noir et blanc, l’imposante architecture industrielle est devenue un décor majestueux et le visage sale des mineurs une inspiration pour le maquillage de muses et de modèles. En retravaillant son passé, Lindbergh a réussi à le restaurer grâce à une nouvelle vision totalement individuelle.

Les expositions de photographies sont souvent trop minimalistes, abstraites. Peter Lindbergh au contraire voulait raconter une histoire. Son travail stimule la réflexion sur la société et ses valeurs, sur le rôle de la femme et l’idée de la beauté, sur ce qu’est la photographie elle-même.
C’est pourquoi, ceux qui regardent aujourd’hui, ses photos d’il y a vingt ou trente ans, s’aperçoivent qu’elles n’ont rien perdu de leur pertinence, de leur puissance et qu’elles ont toujours une valeur universelle.

SANS BARRIÈRE, NI RETOUCHE

En 2017 le groupe italien Pirelli lui confie pour la troisième fois la réalisation de son célèbre calendrier pour une édition quelque peu particulière. Photographié en mai et juin 2016 pendant quatre semaines, le Calendrier Pirelli 2017 a visité cinq lieux, entre l’Europe et les Etats-Unis (Berlin, Londres, Los Angeles, Le Touquet et New York) et met en scène quinze personnalités. On y retrouve Léa Seydoux, Charlotte Rampling, Alicia Vikander, Zhang Ziyi, Julianne Moore, Rooney Mara, Lupita Nyong’o, Jessica Chastain, Helen Mirren qui remplaceront les habituels mannequins et se dévoileront sans artifices et sans retouches, fait rarissime dans le milieu glamourisé du cinéma. Cinq autres stars hollywoodiennes ont également pris part au calendrier, Robin Wright, Nicole Kidman, Kate Winslet, Penélope Cruz et Uma Thurman.

Le photographe évoque des femmes « complexes » dont il s’avoue aussi amoureux. « Ce sont celles que j’aurais aimé épouser, mais je n’ai jamais eu le courage de le leur demander »

Peter Lindbergh s’est éteint ce 4 septembre. Il venait de participer au numéro de Vogue UK du mois de septembre, avec la duchesse de Sussex comme rédactrice en chef.

www.peterlindbergh.com