LE STREET ART
Quand l’art prend la rue

Le Street art est un art strictement visuel développé dans les rues. Le terme fait référence habituellement à l’art non-autorisé, non-conforme.

Les artistes de rue tentent de faire en sorte que leurs œuvres communiquent avec le public sur des thèmes socialement pertinents en conservant un certain esthétisme, John Fekner définit le street art comme étant : « tout art dans la rue qui n’est pas du graffiti ».

AU TRAVERS DE REGARDS ET DE VISAGES PHOTOGRAPHIÉS, JR VEUT OFFRIR UN SUPPLÉMENT D’ÂME.
Cet artiste contemporain, né en 1983 a grandit en région parisienne. En 2001, alors qu’il trouve un appareil photo dans le métro parisien, il décide de parcourir l’Europe à la découverte de l’art urbain. Ce qui l’intéresse ? Les limites verticales, les murs et les façades qui structurent les villes. Et parfois qui les séparent. Au travers de regards et de visages photographiés, JR veut offrir à ces morceaux de laideurs un supplément d’âme. Son but : provoquer l’interrogation des populations locales sur le sens de l’œuvre. Et le sens du monde. JR possède la plus grande galerie d’art au monde. Il expose librement sur les murs du monde entier, attirant ainsi l’attention de ceux qui ne fréquentent pas les musées habituellement.

En 2007, avec Marco il réalise Face 2 Face, la plus grande expo photo illégale jamais créée. JR affiche d’immenses portraits d’Israéliens et de Palestiniens face à face dans huit villes palestiniennes et israéliennes et de part et d’autre de la barrière de sécurité.
En 2008, JR part pour un périple international à l’occasion de Women are Heroes, un projet dans lequel il souligne la dignité des femmes qui sont souvent les cibles de conflits.
En 2011 il reçoit le Ted Prize qui lui offre la possibilité de formuler « Un voeu pour changer le monde ». Il crée Inside Out, un projet d’art participatif international qui permet aux personnes du monde entier de recevoir leur portrait puis de le coller pour soutenir une idée, un projet, une action et de partager cette expérience. En décembre 2016, plus de 320.000 personnes dans plus de 139 pays ont participé au projet, par courrier ou via des cabines photographiques géantes installées dans des musées ou les rues du monde entier, de Times Square à Fukushima.
En 2016, JR est invité par le Louvre, et il fait disparaître la pyramide à l’aide d’une surprenante anamorphose.
n 2017, JR signe une fresque documentaire, Chroniques de Clichy-Montfermeil, portrait tendre et touchant d’une cité à fleur de peau. Cette fresque monumentale réuni quelque 800 visages des deux communes de la région parisienne, Clichy et Montfermeil, épicentres des événements survenus en banlieue à l’automne 2005. Le 6 septembre, JR inaugure une installation en échafaudages du côté mexicain de la frontière entre les Etats- Unis et le Mexique. L’oeuvre est visible depuis le côté américain de la frontière. Une immense image de Kikito, un petit garçon d’un an, qui regarde malicieusement au-dessus du fameux mur.
Le 8 octobre, lors du dernier jour de son installation, il organise un picnic géant des deux côtés de la barrière. Des centaines d’invités se réunissent pour manger la même chose, partager la même eau, apprécier la même musique… L’espace d’un instant, on a oublié le mur de séparation…
L’anonymat de JR et l’absence d’explication accompagnant ses immenses portraits lui permet de laisser un espace libre pour une rencontre entre un sujet et un passant, ce qui constitue l’essence de son œuvre…

ALEXANDRE FARTO ALIAS VHILS EST UN STREET ARTISTE PORTUGAIS ORIGINAIRE DE LISBONNE NÉ EN 1987.
Mondialement connu pour ses oeuvres singulières, Vhils laisse son empreinte sur les murs de friches urbaines en gravant la matière. Par un jeu de « clair-obscur », et aux moyens de techniques souvent très surprenantes(marteau piqueur, burin, marteau de tailleur de pierre, explosif, acide, etc..), Vhils « défonce » les murs pour laisser généralement apparaître des visages gigantesques, parfois ceux d’habitants du quartier, dont la qualité des traits laisse deviner une parfaite maîtrise technique et un immense talent artistique. Ses oeuvres ont la force d’une photographie N&B où contraste et lumière rendent plus intense la profondeur des rides, le détail pileux d’une barbe, l’intensité d’un regard, le poids du temps.

Le street art parsème l’univers visuel des grandes cités. On en retrouve sur les murs, les trottoirs, les rues, dans les parcs ou sur les monuments. Le terme est par ailleurs utilisé afin de différencier une forme artistique d’un mouvement territorial ponctué de vandalisme et d’illégalité. Bien que le street art ne soit pas toujours légal, sa valeur artistique est incontestable et de plus en plus en demande. Les motivations conduisant ces « street artistes » à perpétrer leur art sont tout autant variées que le nombre d’artistes lui-même. Parfois par activisme, parfois pour signifier un mécontentement face à un fait de société ou tout simplement pour passer un message percutant, le street art est un peu la tribune libre des artistes contemporains. Il s’agit d’un médium de communication très puissant qui vise un large public puisque facilement accessible et visible. Certains artistes de la rue voient le street art comme un large espace vierge pour réaliser leurs oeuvres alors que d’autres adoptent cette forme d’art dans le but de retrouver les émotions fortes qui émanent des risques encourus par la réalisation de projets sur la propriété privée ou publique (arrestations, contraventions, etc.).
Les techniques utilisées sont variées et de diverses proportions. Bien qu’on ait pu observer les graffitis au cours des dernières décennies, suite aux guerres ou aux soulèvement populaires par exemple, le mouvement a prit son véritable sens vers la fin des années 1970, en Europe.
Initialement, le street art regroupait particulièrement les artistes graffeurs et était associé à la culture punk. Ces artistes utilisaient la peinture en aérosol principalement. Cependant, petit à petit, diverses techniques plus élaborées sont venues se greffer à l’art de la rue. À ce jour, on peut surtout observer l’utilisation de l’aérosol, de l’aérographie, mais aussi de pochoirs, d’autocollants, de mosaïques composés de petites tuiles et de projections vidéo. Pastels et toiles peintes à l’huile sont aussi souvent utilisés comme techniques. La différence avec ces derniers réside dans le fait que la toile doit être, par exemple, exposée dans un lieu public, sans nécessairement avoir obtenu d’autorisation au préalable et réalisée de la façon la plus subversive possible.

Le street art demeure une étiquette souvent utilisée par les artistes qui refusent de se fondre à la masse, qui veulent détonner en affichant leurs visions politiques, ce qui les blessent, ce qui les répugnent ou les font réagir, sans toutefois être associés à une forme d’art, un mouvement, un groupe particulier. Les artistes de la rue sont en somme ces réfractaires qui désirent performer sans autorisation, sans consentement préalable, sans tabous et sans limites. On peut observer le street art partout au monde, puisque ce dernier n’a pas de frontières, pas de sexe, pas de délimitation établie. C’est ce qui en fait sa grande originalité et sa popularité de plus en plus vaste.

Souvent, le street art reste à compléter par les passants, ce qui en fait un art interactif et accessible à tous.Le spectateur n’a qu’à le remarquer pour y être intégré. Cet art gratuit, éphémère et le plus souvent anonyme est une réaction au trop plein d’images commerciales qui nous envahissent. L’art « illicite » ne s’achète pas, mais manipule les images afin de tout envahir à la manière de la publicité.

En plus de prôner une vision commune du monde, le street art espère également que ses petites actions peuvent faire changer les choses. En effet, cet art transgressif interroge sans arrêt, en remettant en question notamment les interdits et les tabous de notre société, mais aussi la notion d’appartenance. De plus, il relève souvent les aberrations et les paradoxes de notre société en plaçant des noms et des dessins dans des contextes qui leurs sont parfois totalement opposés. Mais le street art répond aussi à des besoins plus basiques de l’homme,comme celui de communiquer, ou encore de laisser une empreinte de son passage.