ARNAUD CONCEPT COUTURE
Profession Styliste-modéliste

Vous êtes STYLISTE-MODELISTE de profession. Pour le moins un métier peu banal et peu courant. Depuis quand et comment cette envie de créer et de façonner des vêtements a-t-elle influencé votre avenir ?
Je suis styliste-diplômé depuis 2006 mais si on doit rechercher le tout début de mon addiction pour la mode et la création je pense que cela a commencé en dessinant des costumes de spectacle pour le mouvement de jeunesse dans lequel j’étais animateur. On griffonne deux trois dessins pour un remake d’un medley d’Abba, un tableau du Moulin Rouge, de Chorus Line ou « Laissez-moi danser » de Dalida. On plonge dans les magazines Burdas de sa maman et on embarque toute la troupe ! Ce dont je me rappelle aussi, c’est une amie animatrice qui m’a un jour lancé : « je te vois bien styliste » et ni elle, ni moi n’aurions pu prédire que plus de 10 ans plus tard j’allais réaliser sa robe de mariée !

Quel a été le parcours nécessaire pour accéder à ce statut de STYLISTE-MODELISTE ?
Mon parcours scolaire n’a pas été des plus artistique au début, un bon math 8, physique 3 et langue 8 en secondaire, ce n’est pas des plus glamour mais c’était un bon cursus pour attaquer des études d’architecture pour lesquelles je me prédestinais. Je suis donc entré à l’Institut Supérieur d’Architecture Lambert Lombard à Liège en 2000 et y ai suivi les cours pendant trois ans. Trois années durant lesquelles j’ai pu me découvrir moi-même, acquérir de l’expérience et savoir ce que je voulais vraiment ! J’ai donc délaissé l’architecture en cours de route pour, en 2003, pou intégrer la Haute Ecole Francisco Ferrer à Bruxelles, section styliste-modéliste. J’ai trimé dur dans le domaine du dessin de mode, de silhouettes, de croquis d’attitude … pour avoir un niveau correct. Ce qui me plaisait le plus c’était le patronage et la création. La couture ne faisait pas partie de notre formation parce que ce n’est pas le but de ces études mais personnellement dès le début je me suis attaché à coudre moi- même tous mes modèles. Le styliste ne doit pas nécessairement coudre mais se doit de savoir comment le faire s’il veut obtenir des pièces de qualité. L’expérience et les années passées derrière une machine à coudre ou devant des patrons sont des éléments favorisant la réussite.

La plupart de vos pièces sont uniques. Quels sont les éléments déterminants dont vous tenez compte lors de la création d’un modèle ?
Pour créer un modèle je me laisse souvent emporter par une coupe, un modèle ou un tissu ! Si je tombe amoureux d’un tissu je vois directement ce que je peux en faire… ou pas ! Il m’est arrivé d’acheter des tissus qui sont restés dans mes armoires quatre ans et puis quand je les ai ressortis l’inspiration je pense que chaque chose arrive au bon moment. J’apprécie particulièrement les matières nobles et luxueuses qui valorisent mes créations et les rendent uniques. Je m’attache à réaliser des détails et des finitions de qualité qui font aussi la différence avec le prêt-à-porter.

Votre démarche vis-à-vis de la clientèle est-elle de proposer vos créations déjà réalisées ou de créer celles-ci en fonction des desiderata de votre cliente ?
Chaque personne est unique alors si on veut avoir la tenue qui vous colle parfaitement à la peau il faut un travail unique. Chaque création va tenir compte de la personne, de ses envies, de l’événement pour lequel la toilette est destinée. La plus belle tenue c’est celle qu’on aime et qu’on oublie ! Ne pas se sentir déguisé mais en harmonie avec ce qu’on porte. Pour arriver à ce résultat j’écoute les envies ou besoins de la cliente. Un des problèmes de plus en plus rencontré est la difficulté de se procurer des fournitures ou matières de qualité. A cela s’ajoute la morphologie de chacun ce qu’avait remarqué Monsieur Chapelier, directeur de mon école en primaire, qui avait écrit dans mon livre d’or à ma première exposition : « Tu as l’art de sublimer la beauté des femmes ou de cacher leurs imperfections ».

Parfois la publication de photos de mode de certains stylistes interpelle par une fantaisie extravagante qui laisse à penser que certaines tenues sont proprement importables de par une originalité hors normes. Quel peut être le but recherché d’une telle démarche ?
Je pense que les défilés Haute Couture ont, entre autres, pour but de faire un show et de promouvoir le savoir-faire de tous les métiers de la mode qui disparaitraient sans ces événements hors normes. La Haute Couture ou les pièces d’exposition sont pour moi des éléments que l’on va édulcorer pour en retirer les bases du prêt-à- porter. Ces shows servent à montrer le faste des grandes maisons ou des créateurs, c’est une publicité ! Beaucoup de grandes marques, de grandes enseignes développent leurs accessoires et leurs cosmétiques qui complètent et valorisent leurs créations tout en leur assurant des rentrées financières importantes.

Comment percevez-vous le futur dans votre domaine et quels sont les buts que vous vous fixez personnellement ?
Le futur ! Si seulement j’avais une boule de cristal… Mon but est de poursuivre le développement de mon atelier et de le voir tourner à plein régime. Mon activité est devenue rare dans la région et nécessite du temps pour que l’on comprenne mon concept et ma philosophie. À une autre époque, commander un vêtement original et sur mesure était chose courante. Avec l’engouement actuel pour le slow food et le local, j’ose espérer que la réaction sera la même pour mon activité. Je sais qu’il faut tout le temps se remettre en question et toujours innover, trouver la bonne idée mais dans une époque où tout va si vite, j’aime prendre mon temps et que les personnes qui poussent ma porte se sentent bien et ne voient pas le temps passer.

Interview & Photos : Jean BOURSEAU | Modèle : Fati